Le modèle : peinture à l’huile sur toile, petit format, étude sur le thème du modèle dans l’atelier
D’après « Dans l’atelier » de Paul Sinibaldi
D’après « L’étude » de Victor Lainé
D’après « Study »de Vincent Auglade
LA CHEVELURE
Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Un port retentissant où mon âme peut boire
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! À grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire,
Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.
La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse
Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ;
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Comme d’autres esprits voguent sur la musique, Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum Infinis bercements du loisir embaumé !
J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève, Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ; Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève ! Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve Je m’enivre ardemment des senteurs confondues
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts : De l’huile de coco, du musc et du goudron.
Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
Cette série d’huiles sur toile représentant le nu féminin est une recherche picturale sur le rapport entre le corps et l’espace, le sujet et son support : comment faire participer le support au maximum à l’ensemble ?
L’idée est d’intervenir au minimum sur la toile et de parvenir à révéler le corps à travers quelques lignes et touches de couleurs. L’harmonie entre le support et le sujet provient de cette simple économie de gestes.
La réalisation de l’oeuvre commence par une étude classique dessinée d’après modèle vivant réalisé à la pierre noire HB et au crayon Conté blanc, sur un papier gris chiné Canson, format raisin (50x65cm).
Une esquisse d’après ce dessin est ensuite tracée au carré pastel, sanguine et sépia, sur la toile en lin vierge. Elle permet de définir la composition finale, de délimiter les différentes zones de valeurs, de poser le tracé de la ligne.
Contrairement au croquis préparatoire qui s’attache à être fidèle à l’observation, l’intervention de la couleur donne lieu à une réinterprétation plus libre du sujet tendant vers l’abstraction. La couleur est appliquée en touches larges et géométriques, décomposant la lumière à la façon d’un prisme.
Comme le papier gris du dessin préparatoire, la couleur de la toile brute en lin (la préparation est transparente) sert de nuance de référence pour la mise en couleur des zones de lumière et d’ombre. La toile non peinte est alors perçue comme participante au sujet et non plus comme simple support. La palette se déploie alors dans une gamme de gris colorés dont la chaleur varie en fonction de l’inspiration. Tantôt orangé, tantôt bleuissante, elle s’inspire cependant toujours des teintes que l’on observe de la carnation.